6 ,7 août et 8 août : Chéticamp et Terre-Neuve?

AVIS CET ARTICLE DEVAIT PARAÎTRE AVANT CELUI DU 9 AOÛT AVANT QUE NOUS DÉCIDIONS DE CHANGER NOTRE ROUTE

Nous quittons cette belle île de Port-Hood tôt le 6 août pour franchir la cinquantaine de miles nautiques qui nous mène plus au nord à Chéticamp. Du mauvais temps est prévu pour le 9 août, il faudra donc traverser vers Terre-Neuve le 8 et comme le vent s'annonce favorable le 6, on lève l'ancre tôt le matin. 

Le doux paysage de l'Ile de Port-Hood vue de notre ancrage

Vue du versant nord de l'Ile alors que nous naviguons.

En passant, si vous rêvez de quiétude, d'être loin de la ville et de profitez de ce paysage magnifique, Agnès loue sa maison sur Airbnb. En voiture, de Québec c'est à 10-11h.

La maison jaune est la maison d'Agnès

La voile se fait avec le respect des éléments que sont les marées, les courants, les vents et les vagues - pas avec un calendrier.  On s'ajuste donc aux conditions que nous avons et c'est ainsi que se précise notre itinéraire. En gros, on savait que nous voulions aller à Terre-Neuve pour laisser les cendres de papa à mi-chemin entre les Iles de la Madeleine et Terre-Neuve, tel qu'il l'a exprimé dans ses dernières volontés. Je croyais que nous retournerions aux Iles, mais les conditions météo en ont décidé autrement. Nous laisserons donc les cendres de Papa en route vers Terre-Neuve. C'est le Golfe qui décide! Et c'est là qu'il voulait être, dans le Golfe loin des plages.

Petit déjeuner en route, mais pas n'importe lequel des déjeuners: une omelette aux chanterelles cueillies la veille! 


Un homme heureux!

La remontée se fait malheureusement voiles et moteur, il n'y a pas assez de vent et il y a de la vague. On se payera le luxe d'un peu de voile sans moteur aux abords de l'Ile de Chéticamp. Nous espérions y voir des baleines, mais il y a pas mal de vagues et nous n'en verrons pas là non plus... Où sont-elles? Elles nous ont joué un tour et se sont rendues dans le fleuve alors que nous n'y étions pas? Non, il y a des excursions offertes à Chéticamp, ce n'est pas cela, on est pas chanceux voilà tout!

La côte du Cap Breton

On arrive à Chéticamp vers 15h00 et on s'amarre au quai public devant le bateau de la Garde Côtière. On protège un peu nos défenses avec une vieille planches que nous avons à bord pour ces occasions, le quai est protégé par du gros bois traité et de gros pneus de camion noirs. On laisse assez de cordages pour que le bateau puisse monter et descendre au gré des marées mais celles-ci sont plutôt faibles, à peine deux pieds.

On décrit Chéticamp comme étant un 'village de pêche traditionnel acadien situé sur la pittoresque Cabot Trail, blotti entre les majestueuses montagnes de l’Île du Cap-Breton et les eaux du Golfe du Saint-Laurent'. Plusieurs drapeaux acadiens témoignent de leur présence, mais il semble que tous les gens à qui je dis bonjour, me répondent pas 'Hi'. Il y en a une couple qui se révisent et me lancent un beau bonjour... :)

C'est un village de 3500 personnes. Plusieurs motels, restaurants et chalets témoignent qu'il s'agit d'un endroit de villégiature. La population doit bien doubler en été! Les plaques d'immatriculation sont de partout. J'en ai même vue une du Nanuvut, une autre de New York, certaines du Québec... Il faut dire que la Cabot Trail est bien connue pour ses paysages à couper le souffle.

Bord de mer à Chéticamp
On fait les courses. Les légumes ne sont pas aussi frais que chez nous et curieusement on ne trouve pas tellement de poisson à la coop du coin. Juste de la morue salée et du hareng mariné. Mais on y trouve notre compte et on rempli nos sacs.

Quelques explorations nous permettent de voir que nous sommes en plein Festival de l'Escaouette. Mais qu'est-ce que l'Escaouette me direz vous? Voici ce que j'ai trouvé: Pour expliquer la définition d’Escaouette, il faut se référer aux sources latines. 'En latin, le mot « esca » signifie nourriture. La date du 2 février place la célébration de la Chandeleur (ou Candelaria) quarante jours après Noël et continue le cycle religieux qui mène au dimanche de Pâques. De plus, c’est aussi le point médian entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps, ce qui est à la base de diverses célébrations anciennes en Europe qui commémorent les débuts annuels de la saison agricole.'

Vous me direz, nous sommes loin de Pâques. Et oui! En 1935, voyant la jeune génération moins intéressée dans la Chandeleur, les gens du coin ont transformé le nom escaouette pour désigner un souper communautaire et un bal. Donc les danses, gigues traditionnelles. Comme le Cèilidh à Port Hood finalement!

Nous avons trouvé la Taverne Doryman du coin où il y avait des musiciens qui jouaient du traditionnel et du moderne et c'est là que nous avons mangé. Paul y a goûté les meilleurs 'lobster rolls' depuis plusieurs années! Voici un petit vidéo qui vous donne un peu l'atmosphère. 

On ne se couche pas tard car nous partirons de nuit le 8 pour arriver à Terre-Neuve de clarté. 

Le matin du 7 août, on va au port des pêcheurs de Chéticamp pour faire le plein de diésel. C'est un quai fixe assez haut que j'ai vu la veille. Paul est aux cordages et moi au commandes. J'ai un vent de 15 nœuds. Disons que ce fut toute un expérience. Trois hommes sur le quai et une difficulté rare à m'accoster. Je sens la désapprobation des messieurs. Heureusement je n'entends pas ce qu'ils pensent! Nous revenons au quai public par après. C'est là que je travaille un peu sur le blogue et sur mon cours de navigation.

Après révision des prévisions météo et planification heure par heure, nous convenons que le vent sera bon (10 à 20 nœuds) estimé à 60 degrés du bateau avec une mer de 2 m. On se couche à l'heure des poules car nous quitterons Chéticamp à minuit, toujours dans le but d'arriver de clarté au Port de Port aux Basques. 

Lorsque nous quittons le quai à minuit le 8 août, tout va bien. La lune n'est pas encore tout à fait levée. On la verra au travers des nuages cirrus lorsque nous auront pris le large. Le petit chenal qui nous mène à la mer, nous semble encore plus étroit de nuit que de jour où il est particulièrement étroit. La vague commence à se faire sentir. Douce et ronde au début, elle prendra de la force plus on avance le long de la côte. Geneviève met la trinquette pour stabiliser le bateau un peu et réduire l'effet de la vague dans le bateau ou Paul sommeille. Rendu au bout de l'Ile du Cap Breton, Paul est à la barre, Geneviève couchée, mais elle se réveille vite car avec le vent qui vient du large, on commence à taper dans la vague qui est plus écrêtée et plus grosse. Le soleil est sur le point de se lever, le vent monte et pas dans l'angle attendu. 

Après s'être fait brasser la cage pendant plus d'une heure, en réduisant notre vitesse pour ne pas trop taper la vague, on constate que le vent n'est pas à 60 degrés mais à 30 ou moins, ce qui rend la voile impossible. Qui plus est, le vent prends plus de force encore. Devant ses conditions, nous avons trois choix: 

  1. on continue toujours à vitesse réduite (notre périple s'en trouvant rallongé de près de 5 heures, donc encore 15 heures); 
  2. on se tourne dans le sens du vent et on va aux Iles de la Madeleine (plus de 10h de voile); ou 
  3. on va a Dingwall qui est considéré comme un port refuge en raison de la géographie des environs et de la longueur du bras de mer (environ 4 heures). 

Après quelques moments de réflexion, nous convenons de mettre le cap sur Dingwall. Nous avisons la Garde Côtière et reprenons nos quarts. Un rappel que c'est la mer et les conditions offertes qui déterminent notre itinéraire.

Arrivés à Dingwall vers 8h30, Paul appelle le maître de Port qui nous annonce que nous sommes trop près de la marée basse et que nous devrions attendre que 10h00 passe pour que la marée montante augmente la profondeur de l'eau et nous assurer un bon passage du banc de sable devant l'entrée du port. Paul reprend donc les commandes pendant que j'essaie de dormir. Ça bouge moins qu'en mer, mais ça bouge encore beaucoup. Vers 10h00, je reprends les commandes et nous entrons dans le port, lentement, pour ne pas foncer sur le banc de sable, mais sûrement pour bien maîtriser la direction du bateau avec les vagues qui frappent les enrochements de chaque côté. Paul m'aide à bien voir les repères car on les bouges au gré du mouvement du banc de sable. Réussi! 

On regarde le quai, un quai de pêcheurs fixe, et on estime que si jamais la vague s'enfonce dans le port, nous y serons secoués. Nous préférons mettre l'ancre dans le fond du bras de mer et nous y naviguons tranquillement. Magnifique endroit, bien protégé, nous soufflons un soupir de contentement. Le calme complet y règne. On met l'ancre rapidement, je regarde les oiseaux (il y a des martins pêcheurs, des cormorans et des goélands, des étourneaux, je suis ravie) et les pêcheurs qui s'affairent autour de leurs bateaux. Paul dort à l'intérieur. Je guette pendant un certain temps pour m'assurer que nous gardons nos distances par rapport aux bateaux du voisinage. Et puis je m'endors sur la banquette...

Vue arrière de notre ancrage à Dingwall

Chenal par lequel nous arrivons à notre ancrage.
Il ne donne pas directement sur la mer, donc les vagues ne viendront pas!


Si on regarde les étourneaux sansonnets, ils se préparent pour la migration d'automne...

On les voit mieux sur ce toit noir. Ce fut une bonne année pour les étourneaux cette année,
je  ne compte que 4 adultes sur cette prise! Les plumages des jeunes sont à différents stades.

Lorsque Paul se réveille, nous remettons l'ancre un peu plus près du rivage opposé pour nous assurer qu'à l'arrivée des grands vents, le lendemain, nous serons encore mieux abrités. Voilà un petit coin de paradis parfait pour la Grande Fugue!





Commentaires

  1. Sage décision de votre part et comme tu le dis si bien ,c’est la mer qui décide…

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