1er Août: Les Iles de la Madeleine

Notre passager clandestin prend ses aises tranquillement. Il sèche et lisse ses plumes, il se secoue.

Que pouvons-nous partager avec notre invité? Son espèce mange habituellement des noix de pins, des petites graines. Selon mon livre, cet oiseau se rend parfois aux mangeoires. Jamais vu dans les nôtres et de toute façon, nous n'avons pas de graines à bord... ahhh, mais oui nous en avons, des noix non salées pour Geneviève. Essayons donc: On choisit une belle noix de Au début, il ne réagit pas. Geneviève en mange une devant lui, lui présente de petits morceaux du bout du doigt. Pas vraiment de réaction. Quand Geneviève lui présente une noix complète, le voilà qui la bécote et qui semble en avaler. Coup de foudre pour la noix de cajou! Il commence à en manger, mais vous savez, il a un appétit d'oiseau... Bon, il mange, on va peut-être le rescaper!

Pendant la traversée qui se fera surtout au ronronnement du moteur faute de vent, notre ami ailé garde compagnie à celui ou celle qui navigue. Nous avons convenu de faire des quarts de 3 heures. On commence à 16h et c'est Geneviève qui est à la barre. Paul a préparé son lit de passage dans le carré du bateau. Il couche sur la banquette, avec une toile suspendue qui le retient comme un hamac. Il invite Geneviève à coucher à cet endroit pendant ses pauses. Cet endroit s'avère être près du mat, l'endroit le plus stable du bateau. 

À défaut de vent, il y a de la vague. Notre petit invité apprend à négocier les vagues. Il favorise les cordages car il s'y agrippe plus facilement. Un bateau en fibre de ver, ne lui présente que des surfaces lisses ou en métal, rien qui aide notre ami. Et, perché sur le cordage, il voit bien l'intérieur de tout le cockpit sans effort. Il choisit le côté bâbord sous le dodger. Cela deviendra son endroit de prédilection. Pas de soucis, comme on ne touche pas à la Grand Voile, il peut y rester tranquille.

Après un bon souper de morue fraiche, Geneviève va se reposer. Hummm, c'est dans sa couchette à l'avant du bateau qu'elle se réfugie. Après une heure, il est évident que cette stratégie n'est pas la bonne, le mal de tête et la nausée commencent... Une petite Gravol au gingembre plus tard, elle comprend qu'elle doit dormir dans le carré! Ahhh l'expérience! Elle avait oublié le passage de la Caroline, il y a 8 ans!

Au passage nocturne ou diurne pas grand chose à signaler. Deux bateaux de pêche qui se sont rejoint dans le milieu entre le Nouveau Brunswick et les Iles de la Madeleine, un voilier qui retournait vers le continent. Bref, rien à signaler et toujours pas de baleine, marsouin et compagnie. Avec le lever du jour, Geneviève entend notre compagnon de fortune émettre ses premiers cris. Et quelques petits cadeaux autour de ses cordages nous confirment qu'il digère bien. Il boit, il mange, il défèque et il émet des cris, ok, ça va mieux! Il ne vole pas cependant. Il se déplace avec ses pattes, en sautillant ou avec l'aide de son bec lorsqu'il grimpe les cordage, un peu à la  manière des perroquets. Comme dit Paul, il est dans son 'jungle gym' avec cet environnement. 

Nous voyons enfin les Iles de la Madeleine et on arrive par le Gros Corps Mort qui est un énorme rocher au Nord Est des Iles. Ces paysages sont magnifiques avec les falaises couleur rouille et ce vert qui recouvre les surfaces horizontales. Les petites maisons des Iles colorées à souhait mettent la touche de finition à ce paysage. Quelle vue il doivent avoir du haut de ces falaises!


Les belles falaise rouilles des Iles



Si proches et si loin, nous arpentons tranquillement l'Ile de Havre Aubert ou l'on voit la Grande plage de Bassin. On est presqu'arrivé mais pas vraiment, il nous reste au moins 2 heures de navigation avant d'arriver dans le Havre de Havre Aubert pour nous y ancrer.

Phare du Gros Cap

À la vue de la terre, notre bec-croisé s'excite. Je me demande s'il décidera de descendre aux Iles, car il n'y a pas beaucoup de pins et d'épinettes sur l'Ile de Havre Aubert. L'île est pas mal dénudée. Y trouvera-t-il des congénères? Il observe attentivement et lâche quelques cris. 

On passe l'Ile d'Entrée, une Ile d'Irlandais ou la majorité de la petite population est rousse et anglophone. Les vaches s'y promènent librement. Chacun connaît la sienne. Les clôtures servent à protéger les potagers et les maisons, non pas à garder le bétail. Mais nous continuons notre route. Virage à l'Est vers l'Ile de Havre Aubert. Nous arrivons environ 24 heures après notre départ. Heureux de revoir le Havre, mais nous ne débarquerons pas. Nous avons tout ce qu'il nous faut. Pour le reste de la journée, on se repose.
Le port de pêche de Havre Aubert

Notre voisin, un beau ketch américain

Havre Aubert au loin

Notre ami le bec-croisé bifascié

Je déplace notre ami qui passe ainsi une partie de la journée sur le pont, ce qu'il apprécie beaucoup. Le vent des Iles dans les plumes, il observe son environnement et découvre de nouveaux cordages, oh joie! Pendant ce temps, Paul tente de réimperméabiliser le bimini et le dodger (les toiles de l'abri du cockpit) car les grosses pluies que nous avons connues ont passé au travers. Oui, il les avait nettoyé à Rivière au Renard, ne se doutant pas que sa manoeuvre allait enlever l'enduit imperméable... Heureusement, oui, nous avons ce qu'il faut à bord! Qui en aurait douté? Il fait beau et chaud, c'est le meilleur temps de ré-imbiber nos toiles.
Il se tient près du mat à l'abri du vent des Iles!

Je ramène notre ami ailé à l'intérieur du cockpit. Au son de la musique notre oiseau se met à chanter. Il est capable de doux chants cet ami! Et il mange, et il boit, et il chie un peu partout... Geneviève ramasse les graines et les petits cadeaux ici et là... Mais il va bien. Il ne nous donne aucune indication de vouloir nous quitter. Il observe les cormorans, les sternes et les goélands. Il ne vole toujours pas... quelques petits battements pour atteindre un cordage plus haut, mais à peine. Il tient ses ailes contre son corps et il fait sa toilette régulièrement, on ne voit rien de brisé sur ses ailes. Bon il fait probablement un bon choix de rester car personne ne dit qu'il y a des bec-coisés aux Iles, personne ne dit le contraire non plus... 

En soirée, nous sommes tristes de voir que ce ne sont plus les chansonniers que nous entendons du Café de la Grave, mais de la musique disco. Les temps changent je présume! Un bateau de pêche offre des sensations fortes à des touristes français: il tire un pneu sur lesquels sont assis une couple de personnes. Il crée ainsi une bonne vague qui fait vraiment rouler les petits bateaux à l'ancre avec nous.





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