5 août : Grey River
Paul a choisi notre prochaine destination: Grey River. Une rivière? Un fleuve serait plus juste puisqu'il se jette dans la mer. Paul m'assure que je vais trouver cela beau selon ce qu'il a pris le temps de lire sur ce site.
Nous quittons donc le petit hâvre de Burgeo, et ses personnages colorés, le matin du 5 août. Pendant un certain temps, nous suivons le traversier qui vogue vers Ramea, une île au peu plus au sud. Mais nous le perdons vite. D'abord parce que nous n'avons pas vraiment de vent pour nous aider et ensuite parce que la brume s'installe à nouveau. Ce n'est pas un phénomène rare à Terre-Neuve...
En regardant la carte électronique, je constate que la profondeur n'est pas très importante dans Grey River. Je suggère à Paul que nous arrêtions avant Grey River pour que je tente d'attraper une couple de morues puisque nous sommes lundi et que la pêche est permise le lundi. Comme la mer est assez agitée, on entre dans Dog Cove qui présente une profondeur de 300 pieds et moins, donc suffisamment de profondeur pour tenter d'attraper une ou deux morues. Après quelques jigges, j'abandonne. Il y a quelques phoques qui règnent dans ce havre ce qui ne donne pas beaucoup de chances aux morues... or, on voit des petits pingouins et je tente de les photographier, bien qu'ils soient loin. Résultat médiocre. Mais tout à coup Peul me dit de regarder derrière le voilier. Il y a un petit oiseau qui nous suit du mieux qu'il peut, on dirait qu'il tente de nous rattraper. Il est tout petit. C'est un mergule nain!
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J'avais vu cet oiseau pour la première fois lors de notre traversée vers Terre-Neuve, mais avec les vagues que nous avions et la taille qu'il a (taille d'un bruant), je n'avais pu le photographier. |
Il va sous le bateau (c'est connu, il y a des poissons qui aiment bien se camoufler sous les bateaux, il le sait lui!) On voit le mergule nain à bâbord, et ensuite à tribord... Au moins, il m'aura donné la chance de le photographier!
Quand nous prenons le virage pour entrer à Grey River, je me demande où nous allons car tout ce que nous voyons, ou plutôt devinons, est une ombre de montagnes ou de falaises et encore beaucoup de brume. J'entends les vagues qui cassent sur ces rochers qui osent à peine apparaître hors de l'eau. Au fur et à mesure que nous progressons, le relief terrestre se révèle tranquillement. Oui, il y a peut-être une brèche là-bas... Heureusement que nous ne naviguons pas qu'à vue! Nos cartes électroniques et notre radar nous donnent pas mal d'information et heureusement... Malgré tout, Paul est à l'avant pour voir s'il y a des obstacles.
Finalement nous pénétrons dans la brèche, lentement car ce n'est pas large. Rapidement les vagues se calment et nous prenons conscience de notre environnement. Oui, des rivages impressionnants des deux côtés, mais c'est comme si nous pouvions toucher les deux rives. Des "tickles" comme ils se plaisent à le dire et heureusement que La Grande Fugue ne rit pas, car on toucherait certainement une rive! Ok, ok, j'exagère un peu. Après quelques minutes, nous arrivons à un élargissement de ce long couloir sinueux. Notre horizon s'élargit, comme un lac intérieur, avec des maisons à notre bâbord situées près du rivage. Aucune route ne mène à cet endroit.
Nous poursuivons tout droit devant pour emprunter un autre couloir mince enserré par de grandes élévations. Une chute à bâbord, une autre à tribord. Des arbres, une véritable forêt qui s'obstine à pousser sur ces pentes abruptes. Et finalement, après un certain temps, une grande ouverture, la Grey River nous offre un nouveau panorama magnifique. Plusieurs voies navigables s'offrent mais Paul avait déjà choisi celle qui est au Sud-Est. Sur la carte électronique, il y est pourtant indiqué que nous n'aurons qu'un pied d'eau lorsque nous amorcerons notre navigation dans cette direction, mais notre livre de pilotage nous dit que il y a assez d'eau pour notre quille. Qui croire?
On progresse donc très lentement en regardant attentivement le profondimètre et en anticipant un enlisement de notre quille. Après avoir passé le premier étranglement indiqué sur la carte électronique, on souffle un peu car la profondeur n'a jamais été moins de 40 pieds et il en sera de même pour les autres faibles profondeurs de la carte électronique. En fait Navionics, ou les autres auteurs de cartes électroniques, n'ont jamais été dans Grey River, les profondeurs ont été estimées par les images satellites. Conclusions, l'erreur peut être humaine ou satellitaire! :)
Nous nous sommes rendus au bout de ce bras de mer. Un endroit tranquille où il y avait deux chalets, mais personne dedans. En fin d'après-midi, j'ai tenté quelques lancés légers avec ma canne à pêche, mais rien n'a mordu. La brume est revenue, c'était beau de la voir reprendre ses droits dans ce fjord magnifique. Un endroit où je retournerais volontiers.
Laquelle des trois photos suivantes aimez-vous le plus?
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Vue du fjord à partir du fond. Les nuages et la brume noircissaient le ciel. |
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À force de m'obstiner pour faire ressortir les couleurs, je l'ai mise en noir et blanc! |
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Toujours au même endroit mais photo prise avec mon vieil IPhone. Il montre bien le ciel bleu, mais il fait des aberrations chromatiques dans les nuages. |
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