3 et 4 août : Ravitaillement à Burgeo

La vie de bateau c’est bien, mais parfois, pour avoir des fruits et des légumes frais, nous devons nous retrouver dans une communauté plus importante. C’est parfait, car cela nous permet de nous délier les jambes et de rencontrer des gens. Notre prochaine destination est Burgeo, une communauté reliée par une route.

On lève donc l’ancre de ce petit paradis terrestre qu’est le bras Nord-Est de la baie La Poile. En levant l’ancre on remarque que nous n’étions pas seuls, quelques dizaines d’étoiles de mer, des ophiures s’étaient agrippées à notre chaîne d’ancre.

De belles ophiures bien en vie. Leurs bras sont fragiles et cassants mais elles les renouvèlent à volonté.

La sortie de la Baie La Poile à cette lumière triste des jours gris et brumeux.

On sort de notre beau fjord pour se rendre aux abords de Burgeo. On tente de trouver un endroit où je peux taquiner la morue car nous sommes samedi et la morue c’est toujours bon. On repère un endroit, pas très loin des îles qui protègent Burgeo, avec une profondeur de 250 pieds, mais la profondeur augmente car le bateau se fait pousser au large. Je rallonge mon fil de pêche. Une morue à l’hameçon! Mais bon je pêche avec un cerceau de pêche et c’est long de la remonter. Le temps que ça prend, je commence à avoir mal aux bras et aux épaules! Ne le sentant plus tirer la ligne, je me questionne sur sa présence mais elle est bel et bien là quand je finis de remonter cette interminable ligne. Elle est assez grosse pour que nous puissions la garder. J’ai essayé à nouveau, mais avec ma canne à pêche, cette fois. Et malheureusement, nous n’avons pas eu de preneurs sur ma ligne. /00 pieds, voir 350 pieds, c’est long remonter ne serait-ce qu’un leurre… 


Nous arrivons donc à Burgeo, on enfile quelques îles rocheuses, tourne à gauche, tourne à droite, un long détour pour éviter un pont et puis voilà, on s’élance dans un bras de mer, guère plus large qu’un ruisseau. Les Terre-neuviens appellent ceci un “tickle” car ça chatouille le ventre du bateau des deux côtés. C’est superbe, mais on se sent un peu à l’étroit quand on a encore nos repères marins en tête! 


Enfin amarrée à Burgeo, sur un quai fixe (il faut tenir compte des marées)
mais avec tout de même un beau paysage, regardez cette montagne en fond de scène.


Nous sommes accueillis au quai municipal par John qui attrape les amarres que Paul lui lance. John a une canne avec des pieds. Vous comprendrez qu’il est moins athlète qu’il a pu l’être, à une autre époque. Il est bien gentil et fait son possible. Mais il est très difficile à comprendre. Un accent et je soupçonne un certain handicap. Cyril, un homme plus âgé, apparaît avec sa voiture. Il nous aide à finaliser l’accostage et offre ses services à Paul s’il a besoin de fuel ou d'épicerie. On jase et il nous raconte que voilà quelques années, alors que la pêche à la morue régnait, le village était beau, gros et prospère. L’école secondaire diplômait une centaine d’élèves par année. Cette année, seulement 4! Par ailleurs, il n’y a plus de taxi à Burgeo et la Banque est sur le point de fermer. Il reviendra le lendemain pour aider Paul à transporter des bidons de fuel.


Je me dirige vers le bureau du quai public. On nous a dit que June s'occupe du bureau et récolte les frais de quéage. La dame qui lit à côté du seuil de la porte d'entrée fermée me salue. Son nom est Josie. Un personnage. Elle est en surpoids, vêtue d'un T-Shirt et d’une jupe. Elle voyage et dort dans sa van. Elle reste ici car le camping est permis sur le stationnement du quai et douches et laveuses sont accessibles moyennant 20$ par jour. Elle m’informe que June n’y est pas. Le village est allé à la fête autochtone qui avait lieu sur la plage plus loin. La fête est maintenant terminée malheureusement, mais était apparemment bien sympathique et Josie arbore fièrement ce collier de dents et griffes d’ours qu’elle y a déniché. Josie se décrit elle-même comme Josie the Hippie. Elle demeure à Ramea, une île au sud-est de Burgeo, reliée par un traversier. Pendant la pandémie, elle est restée chez des amis en Pennsylvanie. Elle n’est revenue que le printemps dernier. 


Paul appelle donc June pour lui signaler notre arrivée. Quelques heures plus tard, elle retourne notre appel pour nous dire qu’elle est heureuse de nous accueillir et qu’elle viendra nous rendre visite demain. Elle nous remercie abondamment d’être passé par Burgeo, comme quoi le tourisme est maintenant important pour cette ancienne capitale de la Morue! Elle explique à Paul les choses à voir et à faire à Burgeo. 


Voisinage de notre bateau. La baie est bordée de "garages" sur pilotis et de grandes chaloupes à moteur. Et les gens pèchent, deux ou trois générations par bateau.

Décidément plein de potentiel ce paysage!


Un peu plus tard, 2 autres bateaux arrivent, 2 voiliers québécois. Un couple de gens de la région de la Beauce qui gardent leur bateau à Gaspé et un voilier de Cap aux Meules avec 5 ou 6 personnes à son bord. C’est là que les plombs ont littéralement sauté! Oui, oui, les fusibles, car notre bateau aime bien être branché et il en prend de l’énergie. quand les deux autres voiliers se sont branchés, on a effectivement fait sauter les fusibles.


Le lendemain, on a fait le plein d’essence (oui, Cyril était bien au poste), fait le lavage, pris nos douches chaudes. Nous avons marché jusqu’à l’épicerie (quand même bien approvisionnée). Pour le retour, Paul propose de faire du pouce. Et bien ce fut rapide, un homme fin quarantaine a arrêté son pickup  en moins de 5 minutes et nous a embarqué. Heureusement c’était pas trop loin, mais à pied, avec tout le stock que nous avions, oui, je le trouvais bien fin!


June est venue faire son tour. Elle a établi son prix qui était 1$ du pied, mais qui au maximum était de 45$, soit moins que la longueur du bateau, et comme nous restions 2 soirs, elle ne nous a chargé que 55$ au total. Pas conforme avec mes notions de math, mais super gentil! Elle nous a fait part des activités qui se déroulaient à Burgeo.


J’ai fait de la photo au village et j’ai grimpé sur la montagne au centre de la communauté. Il y a un vieil escalier de bois, mais c’est à vos risques car certaines planches commencent à devenir molles. Cet escalier et le belvédère au bout ont été construits lorsque les activités de pêche furent freinées et qu’on espérait que le tourisme puisse prendre la relève. Mais j’avoue que la vue du haut de cette colline est superbe.


Bref un bon arrêt et un accueil super dans un village niché dans un endroit de rêve comme en témoignent les nombreuses photos qui suivent.


C'est entre l'île au premier plan et la suivante que le voilier devait passer, le tickle. Pas large!

Ces montagnes prennent une toute autre allure avec un ciel plus ensoleillé

Et il y en a de plus grands derrière! Wow!

Voici l'entrée vers le petit havre de Burgeo. Le mat de La Grande Fugue est le blanc.

Très beau village et quelques petites affaires cocasses sur les perrons! 
On nous épie!


À l'entrée du grand escalier, une épilobe

Les îles à l'ouest de Burgeo vues du belvédère. J'aime l'effet de la brume.

Regardez l'île au loin, on dirait un sphynx cyclope! 

Les îles plus vers l'Est. Et toujours cette brume. D'ici elle est bien belle!

Et les îles en regardant vers l'Est.

Le Nord de Burgeo

Le village de Burgeo, remarquez l'étang au milieu, c'est ma prochaine et dernière photo.

Un magnifique marais en plein cœur de la ville, ça doit être lui qui alimente la ville en eau potable.
Quel beau filtre naturel!

Commentaires

  1. Faut être bon navigateur pour passer le tickle ! On le redit: les photos sont magnifiques 😍.

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