25 août: Une journée à Rocky Harbour

Nous sommes lundi matin, un homme se présente au bateau en se disant, le redouté maitre de port, Hubert, ce qui nous fit bien rire. Il nous annonce que si nous restons, il sera obligé de nous charger pour nos nuitées, ce sera 60 sous par pied... et du même souffle nous dit que nous pouvons aller nous ancrer dans une baie pas trop loin.  Ce qui nous fera un beau total de $28,20 pour notre 47 pieds à chaque jour. Électricité et eau fournie les amis... Amis qui ont des voiliers, vous êtes avertis! Hubert nous dit qu'il n'a vu que 7 ou 8 voiliers cette année et je crois comprendre que c'est plus que d'habitude. Le Conseil municipal voulait qu'il charge plus mais il s'y est opposé. Il veut du monde! 

Nous lui annonçons que nous resterons certes pour 1 semaine ou jusqu'à ce que les vents nous soient favorables à un retour vers la Baie des Iles. Il nous parle des attraits du coin, des spectacles à l'affiche à Woods Point ou à Rocky Point. 

On lui demande s'il y a un endroit où nous pouvons laver notre lot de linge sale, nous n'avons pratiquement plus de vêtements propres. Il pense à deux endroits, incluant le Musée aquarium, mais finalement ce n'est pas possible. Il y a un landromat à Rocky Harbour. 

Justement, j'étais entrée en contact avec Darroch Whitaker, chef d'équipe écologiste de Parc Canada à la suggestion de mon collègue Gilles Seutin, Scientifique en chef chez Parc Canada qui savait que je passerais par Gros Morne. Ma dernière mission de Vice-conseillère scientifique en chef... en fait, c'est le genre de mission que j'aime beaucoup. Darroch, espère nous voir aujourd'hui ou demain. Nous décidons donc de faire appel à Pittman Taxis pour nous aider à franchir les 11 km qui nous séparent du landromat et rencontrer Darroch pour le lunch.

On regarde le petit port de Rocky Harbour et nous ne regrettons pas de nous être ancrés à Norris Point, le port est trop petit pour notre bateau et un ancrage aux alentours aurait été risqué car le port donne sur la mer. Le landromat est propre et surtout vide! On prend le contrôle de 4 laveuses. Tout notre lavage sera près en une heure! 

On se pointe au Sunrise Café pour notre lunch. Le Café est très bien, ils font pâtisseries et sandwich plus un ou deux plats. Darroch et Jane arrivent. Jane Devlin est de passage du bureau national, lire d'Ottawa, pour deux semaines. Elle est Spécialiste de la restauration des écosystèmes chez Parc Canada. À ce titre elle gère un programme de financement pour les projets spéciaux des parcs et Darroch nous parle de son projet spécial. Tout un projet!

Les orignaux en trop grand nombre déciment la forêt boréale et la transforme en prairie. Cela n'est pas soutenable et ça détruit l'environnement. Donc, Parc Canada autorise la chasse à l'orignal pour réduire et contrôler la population d'orignaux. Mais pour aider mère nature à reprendre le dessus, ils planteront en trois ans 1 million d'arbres pour retransformer les prairies en forêt. La science de la conservation en action! On voit la passion pour ce projet de nos interlocuteurs. Après le repas, on se dirige vers les laboratoires et bureaux pour voir et mieux comprendre ce qu'ils font et rencontrer le reste de l'équipe après un petit arrêt au Landromat pour y mettre nos choses à la sécheuse...

On rencontre les collègues de Darroch. Il y a une professionnelle qui est de garde cette semaine, c'est elle qui répond aux appels au secours des randonneurs qui se blessent ou se déshydratent en sentiers et dans l'arrière pays. Équipée de son walky talky, de sa VHF, elle travaille, ne sachant jamais quand elle sera appelée à organiser des secours. Mais c'est une biologiste avant tout. Un autre surveille les populations de saumons dans les rivières du parc. Un autre survole le parc avec ses drônes pour faire des évaluations de populations surtout végétales. Mais il ne font pas que cela, ils sont un peu, par la force des choses, des touches à tout, il faut comprendre la dynamique des populations du parc, les règlements pour les usagers, préserver le plus possible les habitats réduire les interventions au maximum. Par exemple, alors que le reste de la province a décidé de protéger les épinette des ravages de la tordeuse de bourgeons, les gens du Parc ont choisit de ne pas intervenir, car ils sont convaincus que ces insectes répondent à des cycles et qu'à long terme les interventions sont coûteuses et non efficace. Le parc pourra démontrer l'efficience de sa stratégie dans quelques années. 

On se dirige ensuite vers les laboratoires. Outre une couple d'organismes trouvés morts par des gens du public et congelés, on trouve dans les congélateurs surtout des graines de conifères et de feuillus indigènes de la région. Des milliers, voir des millions de graines recueillies par l'équipe qui détient le savoir faire pour s'assurer de leur germination future. On rencontre Owen, agent de gestion des ressources, l'homme aux pouces verts qui fait des expériences avec toutes sorte d'essences de ces arbres que l'on trouve à Terre-Neuve. Un gars curieux et motivé.

Et il y a Cédric, coordonnateur à l'interprétation, un sherbrookois qui est habituellement interprète vulgarisateur auprès du grand public des activités scientifiques qui prennent place au Parc de Gros Morne et qui a décidé de plonger dans ce projet scientifique. Il a l'air bien content de faire partie de cette équipe pour quelques temps! Et de nous parler en français!

Deux autres techniciens dont j'ai malheureusement oublié le nom.

Devant nous, 300 000 plants de conifères et de feuillus qui seront plantés par des planteurs experts dès mercredi (c'est pourquoi Darroch espérait nous rencontrer avant mercredi!). Ce seront 2 semaines de travail intensif, un ballet d'hélicoptère pour aller porter les semis dans les endroits pré-identifiés et inatteignable autrement, suivi du ballet d'hélicoptère des planteurs pour les laisser sur chacun des sites. Il faut ensuite retourner les planteurs en fin de journée pour recommencer le lendemain. Un processus bien rodé car la première plantation a eu lieu l'année dernière.

Moi, entourée des collègues de Parc Canada, tenant un plateau d'érables.
Ces jeunes érables ont été plantés au printemps. Ils sont beaux et vigoureux!
Owen est à ma gauche, Jane est à ma droite et Cédric est au bout à droite.
Malheureusement Darrock avait une rencontre
au moment ou Paul a pris la photo.

Chacun des plateau sera planté par des planteurs d'expérience.
Il n'y aura plus rien ici dans deux semaines.
Un peu plus loin, la centaine de milliers de plants de conifères
(semis de 2 ans)

Ces plateformes numérotées, chargées des plateaux de semis,
seront hélitreuillées jusqu'au site de plantation.

Owen arrosait les semis d'une dernière potion de savon à vaisselle diluée pour éloigner les insectes ravageurs. Chacun nous parle de son rôle et de l'intérêt de ce qu'ils font. Paul et moi sommes énergisés par leur passion!

Lorsque Jane vient nous reconduire au landromat, nous avons la tête pleine de ces images que nous avons vue, de ces gens exceptionnels qui œuvre à la préservation de notre patrimoine naturel. On plie nos vêtements, on se paye une crème glacée dans le café d'en face (ils ont de la sans lactose!) et on achète du poisson de vendeurs ayant établi leur remorque réfrigérée de passage à Rocky Harbour.

Notre chauffeur de taxi vient nous chercher et accepte gentiment de nous attendre pendant que nous faisons un tour rapide de l'épicerie. On sort avec deux sacs! Les tomates sont pas mal plus belles, bien que nous reconnaissons la vocation mixte du commerce: quincaillerie, boulangerie, pharmacie, et même t-shirts!

Le bateau est entouré de pêcheurs qui attrapent nombreux maquereaux. Et des curieux nous posent des questions. un message collé au bateau nous indique que si nous avons besoin de laveuses, elles sont maintenant libres, mais le tout est maintenant bien lavé et propre... :)



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