On traverse la frontière: 3 au 4 novembre 2025

Le vent sur la côte sud du Golfe du Maine vient effectivement du Sud, donc horrible pour une traversée en ce sens car nous l'aurions dans le nez. Nous décidons donc de changer nos plans et de nous diriger vers Bar Harbour en longeant la pointe de la Nouvelle Écosse et en traversant l'extrémité de la Baie de Fundy.

On quitte donc la Baie de Shelburn à 6h00. Pas assez de lumière pour les photos, alors incapable de capturer les oiseaux. Pendant cette traversée, les vents oscillent entre 1.4 et 17 nœuds, nous progresserons donc avec moteur au début et voile et moteur à la fin. Au départ nous avons des vaguelettes mais à la fin, de bonnes vagues de 2m.

Au loin, en sortant de Shelburn, sur une toute petite ile,
une vielle maison de gardien de phare.
Construite en bardeaux sur une basse de béton, ce vieux phare 
laisse son rôle maintenant à la nouvelle technologie 
qui ne demande pas ou peu d'entretien.

C'est moi qui est à la barre lorsque nous traversons la frontière maritime. C'est quand même étrange de voir la ligne de frontière qui se dresse sur la carte électronique et de voir notre bateau en approche, qui la traverse et qui pénètre en territoire américain.

Notre vitesse est bonne, mais quand Éloi prend la barre, il distingue des formes arrondies blanches dans l'eau, il réveille Paul comme il se doit. Des filets? Des cages à homards? Et bientôt, les grosses boules blanches cèdent leurs place à des toupies colorées: des cages à homards. Oui, au Maine, la pêche aux homards a lieu à l'année. Et à voir le nombre de trappes qui se révèlent devant nous, c'est une véritable course à obstacles! Moi, si j'étais un homard, je me dirigerais au Canada où la pêche est saisonnière. 

On est pas trop de deux, voir même trois, pour aider le skipper à prévenir les collisions avec ces bouées. En effet, les cordages qui vont jusqu'à la cage peuvent abimer l'hélice ou se prendre dans le safran (partie du gouvernail qui est à l'eau) et le briser.  Il y en a qui sont plus difficiles à voir car nous n'avons que la lune pour éclairage. Fort heureusement, elle est bien présente. Après quelques heures de slalom entre les bouées, nous arrivons enfin à Bar-Harbour. Je prends la barre et vise la voie du traversier, apparente sur ma carte, me disant que les pêcheurs doivent bien éviter ces voies d'accès. Mais non! Il y en a autant! 

Comme nous nous approchons des quais, un autre défi nous attend: longeant les quais, à peu de distance, nous sommes devant un parc de corps-morts (ce sont des fixations de béton sous-marines reliées à des bouées qui permettent d'amarrer des bateaux), et presque chacun a son bateau de pêche bien accroché. Joli sans doute par clarté, mais la nuit, pas évident. On voit un quai qui peut accueillir la Grande Fugue. Au deuxième essai, on y arrive tout doucement et on s'amarre. Il est 5h00 du matin. Tout est calme. On rentre dans le bateau chaud et Paul fait le nécessaire en ligne auprès des douanes américaines pour annoncer notre arrivée. 

À peine 2 heures après nous être couchés, il est 7h00 du matin et le maître de port, cogne sur notre bateau pour nous annoncer que nous ne pouvons rester là. Or, Paul lui explique que nous devons, selon la Loi, demeurer à quai, jusqu'à ce que nous ayons le feu vert des douaniers. Quelques minutes plus tard, nous obtenons ce feu vert par courriel des douanes américaines. 

Avec peu de sommeil, nous reprenons donc notre route vers un bras de mer où nous serons à l'abri. Mine de rien, il nous a fallu un bon 3 heures pour nous y rendre. Le vent était fort (20-25 nœuds) et les bouées de cages à homards encore omniprésentes! Nous n'étions pas trop de trois pour orienter le bateau dans la bonne voie.

Le rivage était cependant spectaculaire avec des domaines impressionnants et des maisons immenses, certaines anciennes avec beaucoup de cachet, et d'autres beaucoup plus modernes. Mais toutes tournées vers la mer avec des vues imprenables!

Une fois arrivés au fond du bras de mer, plus de vagues, un peu de vent. Nous nous sommes tous dirigés vers nos couchettes pour un dodo bien mérité.